ENJEUX MAJEURS
Extraits de AGIR ou SUBIR ?
NOUVEAUX POUVOIRS
GAFAM & CONSORTSGrâce aux technologies numériques, sont nées aux États-Unis une multitude de start-up qui ont bénéficié d’une grande crédulité et de tsunamis de fonds spéculatifs prêts à s’y investir, partant du principe qu’il suffisait qu’une sur dix réussisse pour être gagnant.
C’est ainsi que quelques centaines de start-up ont émergé et sont rapidement devenues de véritables puissances qui disposent d’un pouvoir de plus en plus considérable sur :
– Les populations, grâce aux réseaux sociaux et aux banques de données qu’elles se sont constituées et qu’elles enrichissent à leur insu, tant en qualité qu’en quantité ;
– Les États, en se jouant de leurs règles fiscales pour ne pas être imposées, ou si peu ;
– Les dirigeants élus de nos pays, ces Conquistadors du XXIe siècle ayant les moyens financiers et les réseaux qui leur permettent de les manipuler, de les faire élire ou de les faire battre.
Les GAFAM sont actuellement les plus redoutables de ces nouvelles ploutocraties supranationales qui s’affranchissent des règles, notamment fiscales, des États occidentaux. Elles les mettront à leur botte s’ils restent passifs devant leurs ambitions illimitées et sans scrupule, pendant que bien d’autres ploutocrates s’agrégeront à elles, de gré ou de force, pour dominer le monde occidental. Et ce, d’autant plus aisément qu’elles disposent de milliards de gentils membres, adeptes de leurs réseaux sociaux qui les renforcent de l’intérieur, et de moyens financiers qui leur donne le pouvoir d’échapper aux règles des États et de prospérer ainsi à leurs dépens.
La Conquête spatiale qui, jusqu’à présent, n’était qu’à la portée des États les plus puissants, devient un jeu d’enfants pour les Elon Musk, Jeff Bezos et consorts, nouveaux opérateurs pour le compte de la NASA. Ils vont bientôt supplanter les lanceurs européens, jusqu’à en avoir le monopole en occident grâce aux coûts inférieurs des leurs et à la plus grande rapidité de leurs développements.
En attendant de s’approprier le marché des satellites et des stations spatiales… Bref, de l’espace !
La Monnaie, pourtant privilège et monopole des États depuis des siècles, commence à être concurrencée par les cryptomonnaies, Bitcoin et autres, marginalement pour le moment, mais risque de l’être vraiment à brève échéance.
Les multinationales du Numérique et de la Finance, qui disposent de moyens financiers quasi illimités, peuvent recruter les meilleurs cerveaux aux dépens des autres activités. Laisser ces Pouvoirs s’hypertrophier c’est conduire nos démocraties à une mort inéluctable : affaiblissement des pouvoirs traditionnels élus, déclin des autres activités et, avec elles, déclin de la croissance, de l’emploi, des rentrées fiscales… Il est urgent de réagir !
Le Président Chinois l’a bien compris et a agi. Qu’attendent les Dirigeants Occidentaux pour faire de même, brutalité en moins ?
AGROCHIMIE
Aussi dangereux, les Bayer-Monsanto et consorts, maîtres de l’agrochimie et des semences génétiquement manipulées. Comme nous allons le voir dans le chapitre
Biodiversités, c’est tout le Vivant, Humains compris, qui est en grand danger.
Les pouvoirs de leurs lobbyistes sur les gouvernements et les politiques leur permettent d’imposer leurs produits en niant des évidences avec des études et des rapports falsifiés. Le plus étonnant, c’est que nos institutions, et celles de la Commission européenne, continuent à leur faire confiance, comme la FAA à Boeing, alors que l’on connaît maintenant les lourdes conséquences sur tout le Vivant.
Et cependant, rien ne bouge, rien ne change !
Il y a une vingtaine d’années, alors que les apiculteurs de plaine se plaignaient déjà de la mortalité de leurs abeilles, j’avais évoqué le sujet avec un apiculteur des Hautes-Alpes. Pour lui, c’était un non-sujet, ses abeilles, qui butinaient en zones d’agriculture de montagne traditionnelle, se portaient à merveille !
Au lieu de mener des discussions sans fin entre idéologie et mauvaise foi, sur la dangerosité présumée de ces produits, je me suis toujours demandé pourquoi on n’avait pas pris deux grandes serres avec la même culture, l’une traditionnelle et l’autre avec des OGM, ou traitements écologiques contre produits à tester ? Dans les deux serres, on aurait mis une ruche et des animaux témoins. Ainsi, la nature aurait pu rendre son verdict en toute objectivité.
CYBERCRIMINALITES, INFOX, DARKNET…
C’est un sujet protéiforme, aux conséquences potentiellement cataclysmiques. Faute de compétences, j’évoquerai seulement mon étonnement de voir les GAFAM si peu réactives sur le sujet, et je vais juste citer une déclaration du Général Marc Watin-Augouard, fondateur du Forum International de la Cybersécurité (FIC), qui corrobore le thème fondamental ci-après :
Tout va trop vite dans le cyber, comparé à la réactivité des décideurs.
Après avoir été un progrès universel, le numérique devient un péril universel, pour lui-même et pour le monde !
POPULISMES
L’époque est très propice aux populismes, de gauche, mais surtout de droite, qui prospèrent dans la plupart des pays, et tout particulièrement en Europe, notamment grâce aux réseaux sociaux.
Je ne saurais en donner les vraies raisons, même si je pense que l’ultralibéralisme, auquel il est laissé libre cours et qui ne profite qu’à une petite minorité aux dépens d’une grande majorité, n’y soit pas étranger. Et je paraphraserais bien le Général Marc Watin-Augouard en disant :
Tout va trop vite dans ce monde, comparé à la réactivité des décideurs!
Réactivitéétant une façon aimable de parler d’un manque avéré de réactivité. Les conséquences sont très graves là où sévissent, ou ont sévi, des populistes (États-Unis, Brésil, Hongrie, Pologne, etc.), aussi est-il urgent que nos gouvernants se saisissent très sérieusement du problème.
Tant que les Populistes ne sont pas au pouvoir, ils ont beaucoup de sympathisants car ils ont des solutions simples à tous les problèmes, souvent irréalistes ou qui
rasent gratis, et ils ne sont pas à une contradiction ni à un
retournement de vesteprès.
Quelques exemples français :
– Ils sont les descendants directs des partisans, très violents à l’époque, de l’Algérie française et, aujourd’hui, des opposants virulents à l’immigration… musulmane !
– Ils ont Donald Trump, Jair Bolsonaro, Vladimir Poutine, etc., pour références, qui ne sont des modèles ni de démocratie, ni pour leur gestion de la pandémie, ni pour bien d’autres comportements !
– Ils ont systématiquement combattu l’Union européenne et l’Euro… jusqu’à récemment. Et leurs référents, du paragraphe précédent, sont les meilleurs ennemis de l’Union européenne qu’ils voudraient détruire ou voir imploser ! Rassurant !
– Ils sont pour abaisser l’âge de la retraite et le nombre de trimestres de cotisations… alors que les comptes des organismes qui gèrent les retraites sont au plus mal et que nos populations vieillissent du fait d’une natalité insuffisante… non compensée par le niveau actuel de l’immigration !
Si les Populistes arrivent au pouvoir, la France revivra l’épisode 1981 – 1983. 1981 : État prodigue – 1983 : On paye les additions, plus toutes les conséquences collatérales !
Je ne suis pas tendre avec nos dirigeants et ex-dirigeants, dans cet essai, comme dans les précédents, mais, au moins avec eux, nous sommes encore en démocratie, dans l’Union Européenne et avec l’Euro !
Si seulement ils pouvaient se réveiller avant qu’il ne soit trop tard !
Par ailleurs, ce ne sont évidemment pas nos petits pays qui, individuellement, peuvent contenir ces ploutocrates. Seul un front commun des États-Unis, de l’Union européenne et de l’OCDE pourra limiter leurs pouvoirs, les empêcher de pratiquer l’évasion fiscale, entraver leurs ambitions de monopoles, réduire leurs moyens financiers, redonner le pouvoir à qui de droit.
Il est urgent que les États et leurs institutions en prennent conscience et agissent ensemble car, plus de temps passera, plus le résultat des
bras de fersera incertain et le vrai pouvoir leur échappera, comme nos libertés individuelles et collectives : nous ne serons plus que des zombies qui ne pourront que subir ce servage des temps modernes !
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BIODIVERSITÉS
Les écologistes ont introduit dans le langage commun la notion de Biodiversité en pensant surtout aux espèces animales et végétales menacées. Je veux ici insister sur la Biodiversité humaine.BIODIVERSITÉS ANIMALE & VÉGÉTALE
Une rencontre en 2019, dans le cadre d’une exposition de dessins organisée dans un village Charentais, m’a conduit à prendre conscience que la biodiversité concernait aussi les humains.
Cette rencontre : une aquarelle et son auteure, Eulalia De Valdenebro, Professeure associée à la Faculté des Arts de l’Universidad Nacional de Colombia, Doctorat à Paris 8. Pour plus d’informations sur elle : www.eulaliadevaldenebro.com.
Eulalia a notamment réalisé, avec la technique classique de l’illustration botanique scientifique, deux séries de dessins à l’aquarelle, l’une de haricots rouges, et l’autre de maïs, reproduite ici, composée de deux lignes :
- La ligne du haut illustre huit graines Criollas de la même espèce mais avec des variations notables de couleur et de forme.
- Celle du bas consiste en la reproduction digitale d’une graine OGM.
Cette œuvre a été réalisée en novembre 2012, à la suite de la tentative du gouvernement colombien d’introduire la loi 1518 qui aurait rendu criminels les paysans cultivant des graines Criollas !
Sur la ligne des graines OGM sont écrits des mots tirés de la loi, traduits : international, qualité, breveté, homogène, standard, global, transnational, discernable, définissable, uniforme, monopole.
Sur la ligne des graines Criollas sont écrits les antonymes des précédents : contenant la vie, Criollas, native, locale, incertaine, hétérogène, variable, vivante, reproductible, interchangeable, autonome, souveraine, instable, différente, libre.
Vitale Europe, mon essai précédent, dans lequel je disais que la biodiversité était une victime collatérale, Eulalia De Valdenebro m’a précisé en retour :
Le texte me convient très bien, je n’ai aucun problème à l’accompagner tel quel. Cependant, je fais la remarque suivante :
La biodiversité n’est pas une victime collatérale, elle est une victime directe. Le problème est que si vous empêchez la variabilité génétique de tout être vivant (dans ce cas, les plantes), vous modifiez l’essence de la vie en général.
La vie a besoin de varier, d’être instable, c’est le principe qui permet à tout être vivant de s’adapter, d’évoluer.
C’est pourquoi l’inceste est interdit dans toutes les cultures depuis l’Antiquité. Ce n’est pas une question de morale, c’est biologique, car cela met en danger la variabilité génétique. Les plantes évitent leur autopollinisation pour cette raison, les animaux le font aussi. C’est une loi naturelle de la vie. Je dirai plutôt qu’avec ce jeu sur la variabilité génétique des plantes, la vie humaine est la victime collatérale.
Cette réflexion m’a paru fondamentale. L’utilisation par la culture intensive de grandes quantités de produits issus de l’agrochimie a rendu les sols stériles. Le recours aux semences OGM va aussi rendre toutes les plantes stériles, et nous par la même occasion, victimes de la consommation directe ou indirecte de ces produits ?
Continuons ainsi, le problème de la surpopulation de la planète se réglera de lui-même, et sans doute plus vite qu’espéré, en passant par un stade de dégénérescence de l’humanité !
BIODIVERSITÉ HUMAINE
Si la
variabilité génétique de tout être vivantest la condition de la non-dégénérescence du vivant, que penser de l’endogamie pratiquée à outrance par la haute administration française, et par beaucoup d’entreprises ? L’ENA serait-elle une pourvoyeuse de CGM (Cerveaux Génétiquement Modifiés),
la matrice de la pensée uniquea dit Jacques Chirac en 1995 ? Outre le fait qu’au moins neuf sur dix de ces cerveaux sont issus d’un milieu privilégié, qu’ils ont rarement bénéficié d’une formation scientifique ou en sciences humaines avant leur entrée dans le moule, ni d’une expérience de la vraie vie, celle de tout le monde.
Remarque saugrenue ?
Quand une gouvernance par une confrérie de clones est de plus en plus contestée et stérile ?
Quand des secteurs industriels français ayant pratiqué l’endogamie avec constance ont tout simplement disparu du patrimoine national, la machine-outil et la sidérurgie en étant deux exemples ?
Non, bien au contraire, la remarque devrait être prise très au sérieux :
La Biodiversité, élargie à tous les domaines de la vie, est une impérative nécessité.
D’où le grand intérêt des mélanges de populations… grâce aux migrations !
La pandémie vient de nous apporter une nouvelle preuve de l’importance – de la puissance – du vivant. La Fontaine en aurait sûrement fait une fable :
Le Virus et le Vaccin. Le Vaccin, création humaine comme les OGM, est
inertedans la mesure où il ne peut pas évoluer par lui-même pour s’adapter aux variants pour lesquels il est peu ou pas efficace, contrairement aux Virus,
vivants, qui mutent pour échapper aux vaccins !
Dans ce Monde Nouveau qui entame une profonde et rapide mutation, cette réflexion, en apparence anodine, devrait faire réfléchir très sérieusement les rares conseillers de nos dirigeants qui penseraient à long terme… c’est-à-dire au-delà de la prochaine Présidentielle : doit-on s’appuyer plus sur l’évolution naturelle de la Nature en lui donnant tous les moyens possibles pour s’adapter, ou doit-on s’en remettre aux
alchimistespour transformer notre Nature vivante en OGM inertes ?
Outre le fait que leurs OGM et leurs insecticides tuent les pollinisateurs, indispensables pour féconder la vraie Nature, ce qui la rendra stérile, elle aussi !
Quant aux humains et aux animaux, survivraient-ils à cette agrochimie très peu digeste et génératrice de multiples maladies et infirmités ?
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Trois remarques :
- Des espèces anciennes, abandonnées, sont exhumées pour remplacer des espèces actuelles qui ne supportent pas le réchauffement ! Beau retour d’expérience !
- Pour espérer contenir la fournaise qui nous est promise si nous ne faisons rien, nous devons réaliser, notamment, des champs d’éoliennes
et de panneaux solaires, avec des usines pour les produire, des véhicules pour les transporter, etc. Problème : il y a souvent des espèces
endémiques en petit nombre sur les emprises projetées pour ces installations. Doit-on s’opposer aux travaux pour les protéger, ou les
sacrifier avant que le réchauffement ne s’en charge. Ou envisager leur réimplantation dans un environnement similaire ?
En sachant que le vivant a des capacités d’adaptation bien supérieures… à celles de beaucoup d’entre nous ! - Quant aux diversités, bio et sous toutes ses formes, humaines notamment, elles sont vitales pour notre survie !
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FACTEUR TEMPS
Le Facteur TEMPS – la quatrième dimension – est abstrait, contrairement aux trois autres et, de ce fait, il est trop souvent oublié alors qu’il est de plus en plus fondamental, comme vient de nous le rappeler douloureusement la pandémie avec le lancement français calamiteux de la vaccination et l’absence de vaccin Sanofi ou de l’Institut Pasteur sur le podium… Temps multiplié par deux à trois !J’ai repris ici, et actualisé, un chapitre de mon deuxième essai paru en 2009, car la pandémie m’a montré qu’il y avait urgence à révéler au gouvernement, aux administrations et aux entreprises, l’importance, manifestement insoupçonnée d’eux, du facteur TEMPS, de sa gestion, de l’organisation qui doit en découler, et de la nécessité de tenir compte des contraintes et des attentes de ceux qui dépendent des décisions prises ou qui devraient l’être.
Pour ceux qui ne sont pas en prise directe avec l’action, la formule de François Mitterrand
il faut donner du temps au Tempsest pertinente, car le Temps leur est nécessaire pour développer leurs pensées. C’est le temps de la REFLEXION.
Le Temps abordé ici est celui de l’ACTION.
Le Temps de l’Action, à tous les niveaux, des décisions aux réalisations, est plus primordial que jamais. En effet, les contraintes économiques, les progrès technologiques, la concurrence… tous conduisent à une réduction systématique des délais… et à leur respect. Aussi, toute Action un peu importante implique d’avoir un Chef de Projet, ou de Mission, qui anticipe les besoins et les contraintes, regarde les opérations qui peuvent être faites en parallèle, coordonne, veille sur les délais et les coûts, etc.
Quelques exemples d’accélérations du temps :
– Il n’a fallu qu’une dizaine d’années au téléphone mobile pour avoir autant d’abonnés que le téléphone fixe en un siècle !
– L’obsolescence des produits est de plus en plus rapide et implique que les remplaçants soient développés très vite. C’est pour cette raison que le nouveau Directeur Général de Renault veut faire passer de quatre à trois ans les temps de développement des nouveaux modèles de voiture, temps qui est celui de la concurrence.
– Dans tous les domaines, les nouveautés sont de plus en plus rapidement rattrapées par la concurrence.
Aujourd’hui, et plus encore demain, seuls les
Lucky Luke qui tirent plus vite que leur ombreont une chance de survivre.
Nos dirigeants le perçoivent-ils et, surtout, en tirent-ils les conséquences ? Certainement pas ceux qui multiplient les procédures et les contraintes. Sans une sérieuse prise de conscience collective à tous les échelons, des citoyens, des entreprises, de l’État et des administrations, la France continuera à sortir des marchés d’avenir comme elle l’a fait dans les années 1970 des principaux biens d’équipements.
Une des raisons majeures résulte du fait de ne pas tenir assez compte des attentes des marchés, notamment en ce qui concerne les délais, leur respect, et le respect des engagements.
Les déficits endémiques de notre balance commerciale sont un bon indicateur de la totale obsolescence de la gestion de nos entreprises.
Une illustration du Temps, facteur majeur, est donnée par Albert Fert, prix Nobel de Physique, qui s’est fait devancer de quelques semaines par son confrère allemand Peter Grünberg pour le dépôt des brevets de base de leur invention, commune mais faite indépendamment.
En 2020-2021, Sanofi prépare aussi un vaccin ARN messager contre le Covid-19. Son temps de développement aurait été de plus du double de celui des deux premiers vaccins ARN mis sur le marché… si elle n’avait pas jeté l’éponge en raison de son retard !
Je vais aussi illustrer l’importance et la permanence du temps par une histoire assez symbolique de ce mal français, même si elle est ancienne. En 1976, je suis intervenu chez le fleuron français des aciers spéciaux pour l’aider à trouver le moyen de rendre son service commercial plus efficace. Pour cela, j’ai demandé à rencontrer des clients et des clients potentiels. Cette demande les a choqués, et elle ne me fut accordée que pour un seul client français important… avec un accompagnateur pour me surveiller !
Sa dernière commande, de cent cinquante tonnes, avait été demandée avec un délai de huit semaines, acceptée avec un délai de douze semaines et livrée en seize semaines ! Quelques mois plus tard, ce même client avait besoin de renouveler sa commande, mais, cette fois, elle était urgente. Il a consulté son fournisseur allemand et a été livré en trois semaines !
À ma question :
Avez-vous consulté votre fournisseur français ?, la réponse fut :
Non, car il n’aurait pas pu et s’il avait dit oui, nous ne l’aurions pas cru !.
Le problème de cette société n’était donc pas le service commercial mais les services techniques et la production.
C’est ainsi qu’une entreprise perd des marchés… et un Conseil des clients, car, mettre en cause une organisation rigide au point de refuser de prendre en compte les besoins de ses clients était au-delà de ce que pouvait supporter un
Maître de Forges français, alors que ses déficits atteignaient 22 % de son chiffre d’affaires !
Le plus incompréhensible et désespérant est que cette inconscience existe toujours dans l’industrie et les administrations. Qui se pose la question de savoir quelles sont les répercussions des délais longs ou des retards, par habitude ou par négligence, alors que les conséquences sont toujours importantes et négatives, tant pour les fournisseurs que pour leurs clients ?
1976, c’était au siècle dernier. D’accord.
En octobre 2020, nous savions qu’au moins un vaccin allait être disponible dans les prochaines semaines. Quand s’est-on préoccupé d’organiser la vaccination ? Fin décembre quand nous avons reçu les premières doses ! Et en improvisant une politique de vaccination aberrante au regard des ravages causés par la pandémie et des dizaines de millions de personnes à vacciner.
D’autres exemples ?
– Le délai entre l’autorisation de mise sur le marché d’un médicament et sa commercialisation : Allemagne 119 jours – Suisse 171 – Royaume-Uni 209… France 489 jours, plus de 4 fois le délai allemand ! (Sources : CAE, EPPIA / Challenges n° 683).
– Les EPR finlandais et de Flamanville : une honte absolue… Leurs frères chinois sont mis en exploitation dans les délais prévus ! Peut-être sont-ils moins regardants sur les spécifications, mais…
– Le fret ferroviaire : une organisation qui aurait pris en compte sérieusement le facteur Temps aurait certainement évité l’échec constaté aujourd’hui !
C’est affligeant. Sans une rapide et sérieuse prise de conscience du sommet de l’État au bas de l’échelle, la France continuera à rétrograder dans tous les classements mondiaux… alors qu’avoir des délais compétitifs est à notre portée, ne coûterait rien et rapporterait beaucoup.
Les enjeux ? Simplement notre situation financière, l’emploi, la balance commerciale, notre amour-propre !
Chaque activité humaine ayant son échelle de temps, qui peut aller de la minute dans les services d’urgence à l’année pour des projets à long terme, il faut se poser régulièrement quatre questions :
1. Quelles sont les échelles de temps de mes partenaires (clients, fournisseurs, administrés, etc.), et de mes missions. Quels sont les délais de mes concurrents, étrangers notamment ?
2. Comment pourrais-je réduire mes délais afin de répondre mieux aux besoins et aux attentes de mes partenaires, pour battre mes concurrents ?
3. Quelles sont les durées mises sous les vocables
court, moyen, longterme par mes interlocuteurs ? C’est une source fréquente de quiproquos.
4. Quelles seraient les répercussions d’un délai plus long ou plus court, d’un retard ?
Pour revenir à l’exemple des aciers spéciaux, si la société allemande était capable de livrer en trois semaines, pourquoi cela n’était-il pas envisageable par la société française ?
À la même époque, une mission de quelques mois chez un fabricant de machines outil spéciales m’a permis de réduire de moitié les délais nécessaires pour traiter les commandes, qui étaient en moyenne de deux ans, dont six mois de retard. Il a suffi d’un peu d’organisation et d’une sensibilisation des personnels concernés. Là aussi, les concurrents étrangers, principalement allemands et italiens, avaient des délais beaucoup plus courts, et qu’ils respectaient.
Prouesse industrielle de l’usine belge de Pfizer (Puurs) : à force d’optimisations, d’organisations, de suivis, ils ont réussi à réduire en quelques semaines les délais de fabrication du vaccin Covid-19 de 45 %, passés de 110 à 60 jours !
Si l’unité de mesure du temps diffère d’un univers à l’autre, elle se réduit partout et parfois dans des proportions importantes. C’est une tendance lourde dans un monde en profonde mutation et accélération, où règne une forte concurrence. C’est aussi un bon moyen pour réduire les besoins financiers car les coûts sont corrélés à la durée des processus de fabrication ou de traitement.
Et pour beaucoup améliorer la compétitivité !
Si les entreprises françaises se préoccupaient sérieusement du facteur Temps et faisaient preuve de créativité sur leurs produits, elles redeviendraient compétitives au plan international !
Quant aux administrations, le temps ne semble pas faire partie de leurs préoccupations, y compris pour payer leurs fournisseurs, notamment quand il s’agit de PME pour lesquelles les fins de mois sont souvent un sérieux souci.
Et ne parlons pas des décrets d’application des lois votées par le parlement, ni des transcriptions des directives européennes, ni de la justice, ni etc.
La durée d’une action est une chose, le temps pour l’effectuer en est une autre. Exemple : dans les années 1970-1980, un chômeur devait pointer à l’ANPE. Il demande à la préposée s’il ne pouvait pas pointer par correspondance. Réponse :
ça ne prend qu’une minute…Effectivement, mais il avait deux heures de transport pour ce pointage d’une minute ! Comme pour les températures, il y a le Temps effectif et le Temps ressenti. C’est ce dernier qui compte.
Le Temps peut même devenir une Affaire d’État quand il s’agit de lutter contre une pandémie qui met à genoux l’ensemble d’un pays… et qui a fait de nous un moment la risée du monde !
Cet État pourrait-il en tirer au moins une leçon : ne pas confier un problème très urgent à des habitués des Temps longs ?
Les règles à respecter ayant été définies – avec intelligence et réalisme – la réalisation d’une vaccination de masse est d’abord un problème de logistique et d’organisation à confier à un habitué des Temps courts, très courts !
Et, quand une action se passe mal, il faut l’analyser et la corriger… L’autoapprentissage de l’intelligence artificielle devrait aussi être celui de l’intelligence humaine !
Question : qui est responsable des graves dysfonctionnements de la gestion de cette pandémie, des cacophonies, du lancement de la vaccination ?
– Le Ministère de la Santé ?
– La Direction générale de la Santé ?
– La Direction de la Santé Publique ?
- Santé publique France ?
- La Direction de la Haute Autorité de la Santé ?
– Les Directions des Agences Régionales de Santé ?
– La Direction de l’Agence Nationale Sanitaire ?
– L’Agence Epidémiologie-France ?
– La Direction de l’Alliance Nationale pour les Sciences de la Vie et de la Santé ?
– Le Centre National de Recherche Scientifique en Virologie Moléculaire ?
– L’Agence Nationale de sécurité du médicament et de la Santé ?
– Le Conseil Scientifique de la Présidence de la République ?
– Le Haut Conseil de Veille Sanitaire ?
– Le Haut-Commissariat de lutte contre les Épidémies ?
– L’Agence Nationale de Sécurité de Logistique Médicale ?
– Le Haut Conseil d’orientation pour la stratégie vaccinale ?
Il n’y a que seize présumés responsables… mais aucun coupable, évidemment, si, du moins, l’auteur de cette liste n’a pas omis des Agences. Et, à ces seize administrations, il faudrait ajouter la pléthore de Cabinets Conseil mandatés, car les administrations en sont addicts… pour se défausser de leurs responsabilités ou par paresse ?
La multiplication de
Principautésnuit à l’efficacité des missions, augmente leurs coûts et leurs délais, génère la cacophonie car chacune s’exprime pour
existerou pour se
couvrir.
Cette campagne de vaccination a dépassé l’entendement ! Mais qui peut encore s’étonner de l’inefficacité de nos
armées mexicaines, des cacophonies qui règnent dans tous les débats, des dires aussitôt contredits, des inepties proférées, etc. ?
Dire que notre Président veut faire de la France une start-up nation !
Bel objectif… pour combien de quinquennats ?
CORRELATION ENTRE TEMPS ET CHOMAGE
L’ignorance française du Facteur Temps et la faible créativité de la plupart de nos entreprises ont pour conséquences un déficit énorme de la balance commerciale et un taux de chômage anormalement élevé.
La preuve ?
Comme l’ont montré les exemples cités plus haut, la non-prise en compte du Facteur Temps a conduit à des pertes de commandes pour des hors délais systématiques, puis à des fermetures d’usines, puis à la disparition de secteurs économiques entiers avec pertes de savoir-faire… et d’emplois en masse !
Et, plus grave encore, une mauvaise gestion du temps peut avoir des conséquences allant jusqu’à la mort de personnes… comme dans le cas de pandémies ou d’interventions d’urgence.
Le Facteur Temps est donc fondamental et doit être une préoccupation constante dans toute organisation, dans toute action, dans toute mission… au gouvernement, dans les administrations, dans les entreprises !
Il était important dans le Monde Ancien, il est majeur dans le Monde Nouveau !